En effet, c'est à l'ouest et depuis 1945 qu'une multitude de styles se développent, mutent, évoluent, fusionnent grâce à la liberté. On passe des fameuses "Swinging sixties" au mouvement punk au Royaume-Uni, ainsi que le "free jazz" aux Etats-Unis laisse place à la vague hippie, puis au rock dans le tournant des années 60-70. A l’Est cependant, les arts sont soigneusement contrôlés par le Parti Communiste, des poursuites pouvaient être engagées contre tous musiciens qui ne s’inscrivaient pas dans la doxa soviétique. Il était souvent difficile de trouver du matériel de musique d’avant-garde, faute de production.
Alors qu'aux Etats-Unis le niveau de vie de la classe moyenne a pu s’améliorer à vue d'œil au fil des décennies, des tentatives de réforme pour un renouveau économique ont été mises en place du côté soviétique seulement avec la Pérestroïka de Gorbatchev dans les années 1980. Cependant, à ce moment-là, l’URSS était encore trop concentrée sur le périlleux contrôle de tous ses territoires, tant en termes de "soft power" que de "hard power", ce qui a pu rendre difficile l'amélioration du niveau de vie des soviétiques.
Sur ce thème, il peut être intéressant de comparer deux films récents sortis en 2018 : "Bohemian Rhapsody" de Bryan Singer, ainsi que "Leto" réalisé par Kirill Serebrennikov (que j'ai vu trois fois au passage et dont je ne peux m'empêcher d'en parler !). Dans ces deux œuvres cinématographiques, le spectateur est témoin de l'ascension des groupes de rock mythiques Queen et Kino – vous connaissez surement très bien le premier, le second est un équivalent du côté soviétique.
Le premier film nous plonge dans une ambiance pop, très colorée, en montrant le luxe auquel sont parvenus les membres du groupe Queen. Le groupe Kino, au contraire, est présenté dans un film noir et blanc plus terne, et ses séquences musicales rock impressionnantes montrent qu’il y avait bien moins de faste dans la vie des musiciens soviétiques. Une scène m'a particulièrement frappée : lorsque Victor Tsoi, futur leader de Kino, aide la femme de Mike Naumenko (leader du groupe russe Zoopark) à transporter une tasse de café pour l'anniversaire de ce dernier à travers toute la ville – c’était un produit "de luxe" qui manquait à beaucoup de soviétique àl’époque. Cette scène contraste fortement avec les soirées délurées, luxueuses, voire décadentes dans "Bohemian Rhapsody".
Bref, vous l'aurez compris, malgré les différences idéologiques etéconomiques fidèlement décrites par les deux films, ces décennies furent des plus productives sur le plan musical tant à l’Est qu’à l’Ouest, et ce en termes de genres, de style, mais aussi en termes de revendications. Il y avait un fort engagement idéologique de la part des artistes : c'est un point commun assez inattendu qui s’est profilé entre les deux blocs. En effet, durant la Guerre froide, la musique a souvent pu servir d'outil de revendication populaire pour des peuples qui aspiraient à s’affirmer face à la toute-puissance de l’Etat, qu’il soit capitaliste ou communiste. Si l’esprit de revendication est bien connu dans les genres occidentaux (le mouvement punk est un exemple parmi de nombreux autres), on oublie souvent que les soviétiques ont aussi connu une sorte de revendication par la musique – notamment par des courants plus « mainstream ». En effet, dans les années 70-80-90, on peut dire que c'est bien le rock qui était le courant musical d'opposition au pouvoir dominant communiste.
Soif de liberté d'expression et de changement, c'est ce que représentent les différents groupes de notre Vostok-playlist spécialement préparée pour vous, à travers plusieurs décennies de Guerre froide et jusqu'à aujourd'hui.
Bonne écoute ;)
https://open.spotify.com/playlist/3KajQD6WGpNNfyF98fKm88?si=wqTdR9AjSmSAFwAd00awxA&fbclid=IwAR3Ef6b3-9KEUKdCc31uc63E2YgVK4_AzfZioAuiIzbbwpCqZfWuix_OJMQ
Votre cerveau n’en peut plus d’apprendre de sombres articles du
code civil et des arrêts administratifs à foison ? Ça tombe bien, après
cette série de partiels notre pole culture vous propose de régénérer votre
fibre cinématographique avec un film polonais qui va vous faire frissonner !
Après son fulgurant film « Ida », le réalisateur
polonais Pawel Pawlikowski marque un retour en romance avec son sulfureux « Cold War ».
« Cold War » est un joyau du monde cinématographique polonais. Le noir et blanc favori de son réalisateur, la pureté visuelle et la profondeur des sentiments nombreux qui se concentrent en 90 minutes en font une toile captivante de la période de la Guerre froide en Europe de l’Est. Primé pour sa mise en scène lors du 71ème Festival de Cannes, « Cold War » s’intéresse à la Pologne soviétique, plongée dans une ère de contrôle des arts et des pensées.
On retrouve ainsi une histoire d’amour impossible aux deux extrémités du rideau de fer : tel un bateau face à une tempête, cette histoire va résister aux péripéties et embuches qu’impose un climat sociétal ténébreux. Les deux personnages principaux, Zula et Wiktor, se retrouvent entre la Pologne et Paris où Wiktor choisit de se cacher pour fuir le régime socialiste qui le réprime.
C’est à travers ces péripéties que Pawel Pawlikowski a su avec talent faire briller la culture polonaise si souvent méconnue, scrutée, certes, à travers le prisme d’une société totalitaire, mais semble garder toute sa splendeur et son énergie : danses, chœurs, ballets envoutent le spectateur qui se laisse couler par le sentiment lyrique d’une Pologne en recherche de ses racines culturelles.
Tous les éléments semblent réunis pour que ce film puisse vous changer les idées après les partiels : jeux de lumières, musiques folkloriques, acteurs et décors donnant une atmosphère authentique en font une œuvre inoubliable. Après avoir vu le film, qui vous emmène loin, très loin du quotidien par les sentiments qu’il inspire et les images qu’il transporte, il faut avouer qu’il est difficile de revenir à la réalité.
Qui aurait cru que le cinéma soviétique a produit de si brillantes comédies, dénuées de politique et d'idéologie, et qui feraient fureur même des décennies plus tard, à l’ère des grandes productions hollywoodiennes ?
Sans
doute toujours exténué après tes galops, sans doute lassé par ce temps morne et
grisonnant, cet article est fait pour toi ! Les
vacances battent leur plein… Enfin du temps pour s’installer confortablement :
rien de tel que de regarder un bon film avec une tasse de thé chaud =)
C’est pour cette raison que je t’ai concocté une liste de mes 5 films russes préférés, issus tout droit de l’époque soviétique. Ce sont toutes des comédies culte qui se regardent très facilement : en fait, et contrairement aux clichés que l’on pourrait avoir en premier abord, tous les films soviétiques ne sont pas politiques, ils ne sont pas tous portés par la propagande et le sérieux. Cette liste montre même des indices de satire de l’ère socialiste en place, tout en restant exclusivement tournée vers l’humour et l’aventure. D’ailleurs, les chaines de télé russes diffusent généralement ces comédies lors de la période de Noël, pour créer une ambiance joyeuse et rassembler le public autour de ces classiques qui font toujours rire 50 ans après – alors même qu’elles ont été vues et revues – et les plus aguerris connaissent les répliques sur le bout des doigts.
Le meilleur, c’est que tu peux retrouver tous ces films sur YouTube en entier et sous-titrés. N’hésite pas à checker les liens url que j’ai mis ci-dessous 😉
1. Бриллиантовая рука / Le Bras de diamant
Privet Tovarisch !
T’as envie de mettre le feu à tes soirées mondaines et de montrer tes larges connaissances en musique de l’Est ? De découvrir enfin ce qu’est le rap russe ? Toi aussi, tu penses que la langue n’est pas une barrière pour admirer la musique?
Si la réponse est "Da", saches que Vostok-Assas a créé sa nouvelle rubrique musicale!
Le principe est simple : on va te faire découvrir un artiste ou groupe de musique slave à travers 3 compositions. Tu pourras ainsi retrouver des liens musicaux et des playlists en quelques clics.
Le but sera de présenter son parcours, son style de musique, et de partager ses sons avec toi !
Prépare bien tes écouteurs, pognali (c’est parti) !
Pour le début des festivités, voici TumaniYO , jeune artiste (22 ans) venant de l’Astrakhan - une belle ville au Sud de la Russie.
Un beau jour d’hiver, Alexandre Seleznev (TumaniYO) décide de quitter sa ville natale, juste après ses études, puisqu’il a été invité dans un label réputé du rap game russe : Hajime Records.
Il déménage alors encore plus au Sud, à Vladikavkaz (une ville de 300 000 habitants) où désormais il prospère sous les ailes de Hajime.
Le style de TumaniYO est un mélange de rap romantique avec une forte influence de dancehall (genre musical d’origine jamaïcaine) et de reggae .
1. Dance Up
Voila depuis plus de 30 ans que les critiques d’art tentent de comprendre et de déchiffrer ce que l’on a pu appeler le “phénomène Glazounov” - une oeuvre de grande ampleur de l’art russe contemporain, ayant battu de nombreux records du monde.
Avec plus de 2 millions de visiteurs durant la seconde moitié du XXe siècle, des expositions à Rome, Paris, Londres, Berlin, Tokyo, une renommée internationale certaine s’est développée autour de ce peintre russe qui a su transmettre les sillons et les ébats de l’âme russe et de son Histoire à travers ses peintures : Ilya Glazounov est le peintre de la Russie éternelle.
Bien que peintre pendant la période soviétique, il a su outrepasser les codes artistiques imposés par la nomenklatura. Ses œuvres ont pu transcender l’idéologie et décrire des sujets russes du quotidien, révélant la passion d’un tourment historique, au détour anguleux des cités urbaines. Glazounov demeure aussi le peintre des sources anciennes posant parfois un regard critique sur les méfaits et les dangers idéologiques du XXe siècle, à travers le regard funeste des personnages de ses portraits, les aspects historiques sombres se mélangeant à des tournures lyriques : le réalisme ici n’est pas celui de l’empirisme matériel, mais celui des sentiments et des traumatismes de la société russe.
Parmi les nombreuses œuvres qu’il a pu peindre, des portraits éblouissants des personnages des grands romans de Dostoïevski ont particulièrement marqué les milieux artistiques occidentaux, alors que ces travaux étaient bannis en URSS. De même, les “Images de la Russie” eurent un franc succès, le spectateur se perdant dans l’étendue infinie des yeux des tsarévitchs Dimitri, d’Ivan Karamazov, de Boris Godounov, ou de simples joueurs de cartes inconnus. Le peintre sublime également les épreuves du peuple russe dans ses œuvres monumentales et totales, en ce qu’elles ont englobent l’entièreté des événements de l’Histoire, en instaurant un certain équilibre dans le chaos apparent des compositions. La peinture de Glazounov est ainsi tournée vers une notion centrale : le mystère. La Révolution rouge, l’évolution du communisme et la place de la Russie dans la « démocratie de marché » sont autant de questionnements qui, dans ces œuvres, révèlent souffrance et grandeur du peuple russe.
En ses débuts, Glazounov fut renommé pour avoir brisé les codes et les barrières de l’art officiel soviétique, grâce au lyrisme et à la réflexion historique que certaines de ses œuvres impliquent. Au fil des ans, la profondeur de ses œuvres ne fit que croître et tout l’art de ce peintre russe a pu acquérir une signification sociale et philosophique particulièrement importantes pour la Russie moderne.
Découvrez ses nombreuses œuvres en haute définition sur ce blog, qui vous laisseront ébahi devant tant de mystère et d'Histoire :
Il n’est pas étonnant que la ville soit considérée comme la capitale culturelle du pays quand on se rend compte que Lviv a des airs de musée en plein air. Imprégnée àla fois d'architecture vénitienne, rococo et traditionnelle, elle est la perle somptueuse de l'Ukraine de l'Ouest.
Il existe une multitude de choses à voir et faire à Lviv. Outre les musées (parfois originaux), vous découvrirez de nombreuses curiosités et visites qui sont souvent insoupçonnables au premier abord.
Ne passez pas à côtéde :
- la place du marché
- la colline du Vysoky Zamok
- l'incontournable Opéra de Lviv
- la Cathédrale St-Georges
- le Musée de la bière
- le bar ZENYK MYTNYK
- la vieille ville
- la rue Arménienne
- le musée en plein air Shevchenkivskyi Hai
- le palais Vénitien
C’est un incroyable voyage dans le temps que nous fait vivre l’ouvrage ‘‘Holidays in Soviet Sanatoriums’’ en nous plongeant dans l’atmosphère unique de ces lieux de repos datant de l’époque soviétique.
Si en France, les sanatoriums, qui ont été surtout construits pour soigner la tuberculose, ont fermé dès les années 1940 avec la généralisation des traitements, en URSS, ce sont des milliers de bâtiments qui se sont multipliés jusque dans les années 1980. Pensés comme des lieux de repos, ils étaient destinés à permettre aux travailleurs les plus modestes de prendre des vacances.
En réaction à la décadence consumériste occidentale, l’URSS misait en effet sur un corps et un esprit sains pour une productivité accrue. Érigés au milieu des bois, près d’une source thermale, au bord de la mer ou d’un lac, les sanatoriums permettaient de mêler cure thérapeutique et communion avec la nature.